Jean-Marc Jancovici a-t-il raison ?

Ces dernières années, un influenceur au look « Jamy et Fred » est apparu sur les thématiques énergético-climatiques. Jean-Marc Jancovici développe de manière extrêmement convaincante un discours qui montre que la solution au changement climatique n’est pas l’énergie renouvelable mais le nucléaire. Nous avons beaucoup de respect pour la qualité de son raisonnement, mais nous ne suis pas d’accord, et voici pourquoi.

Les énergies renouvelables dépassent les attentes

Le prix de l’installation de capacités de production solaires ne cesse de baisser. On peut imaginer assez facilement que ces capacités intermittentes, mais extrêmement bon marché se développent au point de produire autant d’électricité que le monde en a besoin.

En revanche, il est clair que cette électricité ne sera pas produite au moment où le monde en a besoin.

La difficulté de stocker l’électricité n’est plus une fatalité

On sait depuis longtemps remonter l’eau d’un barrage pour stocker de l’électricité lorsqu’elle est trop abondante. Mais de là à stocker l’énergie nécessaire à alimenter le pays un jour nuageux ou sans vent, il y a un trop grand pas. La solution du stockage est plus récente :

La batterie d’une Renault Zoé fait 50 kWh. Et un foyer français moyen consomme 14 kWh par jour. Si chaque foyer est équipé d’une voiture électrique, on peut donc déjà entrevoir un moyen d’équilibrer offre et demande sur plusieurs jours.

Le développement de l’hydrogène permet également d’envisager du stockage d’énergie à grande échelle : on produit de l’hydrogène lorsque la production d’électricité dépasse l’offre et on l’utilise pour produire de l’électricité dans le cas contraire.

Le nucléaire pèse sur le développement des énergies renouvelables

En France, les EnR, c’est encore moins d’un quart de la production, et encore, merci les barrages.

On remarque que la France a 3 fois moins de production éolienne et solaire que l’Espagne en 2020. Source : https://es.statista.com

On remarque que la France a 4 fois moins de production éolienne et solaire que l’Allemagne en 2020.  Source : https://www.ise.fraunhofer.de/en/


La situation est la même par rapport au Royaume-Uni.. Source : https://assets.publishing.service.gov.uk/government
Il semblerait donc que la France développe donc environ 3 fois moins les énergies renouvelables que ses voisins.

Pourquoi ?

Parce qu’on a le nucléaire ! Et que l’électricité est donc moins rare et moins chère chez nous. Le kWh au TRV est à 16 centimes, contre plus de 20 centimes en Espagne, plus de 30 centimes en Allemagne, environ 15 pence au Royaume-Uni.

Du coup, ça vaut moins le coup de développer de nouvelles capacités de production !

En bref, le nucléaire nous rend dépendants et bride le développement du renouvelable.

Quelles solutions alternatives à celles de Jancovici ?

La solution a 3 axes de développement :

  • un développement à marche forcée des énergies renouvelables. L’argument « les éoliennes abiment le paysage » ne tient pas face à l’enjeu. Le gouvernement devrait rendre obligatoire une couverture d’au moins 50% des toitures par du solaire.
  • un passage à une tarification dynamique très marquée, et entrainant une forte augmentation du prix de l’électricité incitant les ménages à s’équiper pour consommer quand l’électricité est bon marché. Cela passe par :
    • des radiateurs à inertie connectés au prix de l’électricité qui accumulent de la chaleur quand l’électricité est bon marché
    • des voitures électriques connectées au réseau domestique et servant d’amortisseur des pics de prix
  • une prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires pour environ 30 ans. En 2050, le prix de l’électricité aura considérablement baissé car la transition sera achevée et on pourra alors consacrer les ressources économisées au démantèlement du nucléaire.

Notons que politiquement, les changements sont difficiles ! Souvent, on attend d’être dans le mur pour freiner !
Et pourtant c’est le noeud du sujet ! Jancovici pense que les sources de production doivent coller avec notre manière actuelle de consommer. Nous pensons que notre manière de consommer doit changer pour coller avec les sources de production renouvelables (donc intermittentes).