Un environnement concurrentiel pour les énergies renouvelables ?

Au regard des avancées technologiques en termes d’énergies renouvelables, la Commission européenne souhaite accélérer le développement des filières liées. En particulier, celle-ci juge les domaines de l’éolien et du solaire suffisamment matures pour inciter ses Etats membres à promouvoir des initiatives concurrentielles entre les deux technologies. Ainsi, le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, suivant les recommandations de Bruxelles, s’apprête à lancer un appel d’offres technologiquement neutre de 200 mégawatts en France.

 

Les parcs éoliens et les fermes solaires mis en concurrence

L’objectif d’une telle initiative est l’amélioration de l’accessibilité économique de telles technologies renouvelables. Jusqu’alors mises dans le même panier, les énergies renouvelables éolienne et solaire s’apparentaient aux deux facettes d’une même pièce, celle des technologies vertes. Désormais, les chiffres semblant prometteurs quant à l’utilisabilité de chacune de ces dernières, la Commission européenne souhaite réduire les prix de leur exploitation. Pour cela, rien de tel que de les placer dans un environnement concurrentiel, initiative totalement nouvelle en France. En effet, ces appels d’offres technologiquement neutres ont déjà été expérimentés dans plusieurs Etats européens (Espagne, Allemagne, Pays-Bas et Royaume-Uni), et il semblerait que cette méthode soit la plus efficace et la plus rapide pour faire chuter les prix de l’énergie renouvelable.

 

Une décision contestée en France

Cette initiative soulève de nombreuses controverses parmi les belligérants français. En effet, pour beaucoup, cette mise en concurrence n’est pas saine et contre-productive. Ce mécontentement prend naissance dans une différence de point de vue sur les priorités européennes en matière d’énergies propres.

Alors que la Commission européenne a fait de l’accessibilité économique de telles technologies son mot d’ordre pour l’année à venir, nombreux sont ceux qui estiment que les technologies ne sont pas assez matures pour concurrencer les énergies polluantes. Cette mise en concurrence des fermes solaires et des parcs éoliens s’apparente donc à une épine dans le pied en termes de développement technologique de solutions durables. Alors que chacune des deux solutions connaissaient depuis de nombreuses années des améliorations continues et profitables, il se pourrait qu’un environnement concurrentiel fasse stagner la recherche dans l’un ou l’autre des domaines, en faisant du modèle économique une priorité sur le développement technologique.

A cela s’ajoute que ces deux énergies renouvelables ne sont pas forcément décorrélées l’une de l’autre. En effet, chacune prend le relais sur l’autre selon les saisons, les degrés de fonctionnement optimal étant complémentaires de ce point de vue. Faire le choix de l’une ou de l’autre peut s’avérer contre-productif au regard de la production moyenne sur une année entière.

Enfin, il est probable qu’une telle mise en concurrence se fasse au détriment du solaire. Si on suit les chiffres, ceux-ci sont presque systématiquement à l’avantage des parcs éoliens, avec une production énergétique bien plus importante en moyenne pour cette technologie énergétique. Pourtant, doit-on faire une croix sur les fermes solaires ? La réponse est bien évidemment non, mais il est naturel de s’interroger sur la place qu’occupera ces dernières dans un environnement concurrentiel.